Il y a des matins, comme celui là, où je n'aurais pas du quitter mon lit. Enfin mon lit, ma boule de mousse qui me sert de couchage.

Le soleil était déjà haut dans le ciel, il allait bientôt être midi. Je promenais mes patte devant moi, mes coussinets effleurant la mousse, caractéristique des 4 chênes. J'étais parti du camp après une énième dispute avec des apprentis du clan. Ils m'insupportaient, tous autant qu'ils étaient. Cependant on ne pouvait pas les blâmer, l'ambiance en ce moment était des plus étranges. Le temps était lourd, comme en prévision d'un orage. La forêt était silencieuse, si l'on mettait de côté les bruits habituels des clans. Les oiseaux avaient arrêté de chanter depuis quelques jours. En relevant la tête, je n'en vis aucun. Cela me troublait. Une atmosphère particulière régnait dans la forêt depuis quelques jours. Certains chats avaient fais un scandale et alerté tout le monde qu'un drame allait arriver. Balivernes, je ne croyais pas aux chats médiums.

Je promenais mon regard dans la clairière. Cet endroit semblait tellement vide lorsque les clans n'y étaient pas. Si vide, et si grand. Un minuscule papillon venait de se poser sur le gros rocher, avant de repartir de suite et de pousser une accélération dans le ciel. Comme si il avait aperçu le diable en personne, mangeur de papillon. Puis, le silence. Seuls mes pas froissaient le silence. Le bruit semblait extérieur, irréel. La chaleur, la vie que dégageait les arbres semblait s'être éteinte d'un coup. Comme si la nature retenait son souffle.

Enfin, le temps a semblé accélérer d'un coup. J'ai vu une ombre passer à ma gauche, et une douleur affreuse m'a déchiré le flanc. Tous mes muscles se sont contractés, j'ai essayé de repousser mon agresseur, quel qu'il soit. Mais rien à faire, je sentais mes forces me quitter, il avait bénéficié de l'effet de surprise. Il me maîtrisait, et me forçait à rester à terre. A agoniser en silence. Lorsque j'ai relevé les yeux, j'ai aperçu une patte noire, qui m'a immédiatement fait rebaisser la tête. Je l'ai alors perdu du regard. Mon cerveau ne réagissait plus, et ralentissait sous l'effet de la douleur. Par dépit, j'ai poussé le miaulement le plus puissant que je pu. Comme pour réponse, j'entendais des pas de course venir dans ma direction. Mais c'était trop tard, la papatte noire m'a affligé un dernier coup, au coeur. Avant de partir, sans demander son reste. Il me semblait avoir entendu des voix, des félins s'approchaient de moi.

Mais c'était trop tard. Je sentais mon âme se détacher de mon corps. Juste, pourquoi. Et surtout, qui ?